Les enluminures relatives à la vie religieuse
et consacrées aux reliques de la Passion
illustrant le texte de La Destruction de Rome
et de Fierabras dans le manuscrit à peintures
de Hanovre

- Marc Le Person
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L’émir Balan, qui refuse le baptême, frappe l’évêque au visage

 

      Malgré les offres réitérées de Charles et les supplications de Fierabras, Balan refuse de nouveau le baptême, recrache dans la cuve, empoigne l’évêque pour le noyer et lui assène un coup de poing, malgré l’intervention d’Ogier.

 

      fig. 13. Anonyme, « Balan refuse le baptême »,
      Fierabras
, ms. H, début du XIVe siècle,
      Hanovre, Niedersächsische Landesbibliothek, IV-578, f° 96 v°

 

      Au centre, une cuve en marbre sculptée servant de fonts baptismaux ; à gauche, Charles, l’épée à la main, symbole de sa victoire sur le Sarrasin, à moins qu’il ne soit prêt à frapper l’émir pour riposter, puis, à côté de la cuve, l’évêque, qui tient sa crosse de la main droite, a le visage ensanglanté et incline la tête sous la violence du choc ; à droite, à côté de la cuve, Balan, vêtu d’un pagne, couronne et chapeau pointu en tête, donne un coup de poing au prélat avec son bras droit et montre les dents de rage ; Ogier tente de le maîtriser de ses deux bras, tandis qu’à droite Fierabras assiste consterné à la scène, coiffé de sa couronne.

 

L’admiraille enmenerent, qui le poile avoit bis ;
L’eveske ly demande bellement et sans cris
S’il volt guerpir le deable et crier Deu mercis.
Quant l’entent l’admirails, tote ly sanc ly fremis,
En despit de Jhesu en le fonce recoupie,
Puys est passez avant, l’evesqe a seisye,
Ja le noiera el fonde quant Ogier ly tollie.
Nepurkant l’admiraille si del poigne ly ferrye
Qe tres parmi la gule li cler sanc ly saillie,
[Place de l’enluminure dans le texte]
Adunk fu l’enmperers et dolantz et marris
Et cil altre baron en sunt tuz esbaïs. (Fierabras, ms. H, v. 5327-533)
Ils amenèrent l’émir aux cheveux gris. L’évêque lui demanda gentiment, sans hausser la voix, s’il voulait abandonner le diable et implorer la grâce de Dieu. Quand l’émir l’entendit, tout son sang ne fit qu’un tour et en signe de mépris pour Jésus, il cracha dans les fonts baptismaux, puis, il bondit et empoigna l’évêque. Déjà, il l’aurait jeté dans les fonts si Ogier ne le lui avait arraché des mains. Néanmoins l’émir frappa l’évêque d’un tel coup de poing que le sang clair lui jaillit par la bouche. Alors l’empereur en fut peiné et affligé et les autres barons en furent tous stupéfaits.

 

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