Les enluminures relatives à la vie religieuse
et consacrées aux reliques de la Passion
illustrant le texte de La Destruction de Rome
et de Fierabras dans le manuscrit à peintures
de Hanovre

- Marc Le Person
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Roland, Ogier et Olivier lancent du haut de la tour les idoles des païens sous les yeux de l’émir Balan et de Sortibrant de Conibres

 

      fig. 12. Anonyme, « Les Français lancent du haut de la tour les idoles des païens »,
      Fierabras
, ms. H, début du XIVe siècle,
      Hanovre, Niedersächsische Landesbibliothek, IV-578, f° 89 r°

 

      A gauche, la tour, au sommet de laquelle les trois chevaliers brandissent les idoles représentées sous la forme de diablotins à corps de bouc (mais les pattes avant sont griffues et le visage d’aspect humain a un nez crochu) : conformément au texte, Roland est le plus avancé en besogne et a déjà lancé Apollin dans le vide, qu’il ne retient plus que par la patte arrière; il est représenté de face; un peu plus à droite, de profil, Ogier jette par-dessus le créneau Margot ; en arrière-plan et masqué par ses compagnons, Olivier commence à lever à bout de bras Tervagent, dont on ne voit que la tête cornue ; à droite, derrière ses machines de siège, l’émir effrayé joint les mains ; soutenu un peu en retrait par Sortibran, qui a l’air contrarié ; au premier plan, à droite, une catapulte chargée, que s’apprête à déclencher un Sarrasin muni d’un maillet ; un boulet en pierre vole au centre.

 

(Fin du folio 88v°)
Chescon a pris le soen, a son cole le chargea :
Rollant tient Appolyn, de jetter se hastea,
En la plus grant prese des payens le froia.
Quant Balans veit ses dex, tote li sanc li mua,
Tel doel en ad et tiel ire, a poy ne se arragea.
Et Ogiers tient Margoz, après le lancea ;
Olivier Tervagant en la presse froia.
(Début du folio 89 r°)
Quant l’admirailt le vist, de doel sei pasma.
Sortibras de Conibres contremont le drescea.
[Place de l’enluminure dans le texte]
Pur l’amor de lor dex maint Sarrasin plora.
Et dist li admirailt : « Seignors ore i perra
Qui ses Franceis lasus ferement assaudra :
Totz jours aura m’amors qui me dex vengera ! » (Fierabras, ms. H, v. 4930-4942)
Chacun empoigna le sien et le chargea sur son cou : Roland, qui tenait Apollin, se hâta de le jeter et le lança au plus épais de la foule des païens. Quand Balan vit ses dieux, tout son sang ne fit qu’un tour, et il en éprouva un tel chagrin, une telle colère qu’il s’en fallut de peu qu’il ne devienne enragé. Et Ogier, qui portait Margot, le jeta aussitôt après et Olivier, qui s’était saisi de Tervagant, le précipita à son tour. Quand l’émir vit ses dieux, il s’évanouit de douleur. Sortimbrant de Conimbres le releva. De nombreux Sarrasins pleurèrent pour l’amour de leurs dieux. Et l’émir dit : « Seigneurs, on verra à présent qui va assaillir là-haut les Français avec vigueur : il aura toujours mon amitié celui qui vengera mes dieux. »

 

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